MINISTERES ET AUTORITÉ

Chaque organisation a ses responsables. L'Église locale a les siens. Mais l'église peut exister avant qu'ils ne soient établis et subsister après leurs départs, étant donné que le véritable chef, Christ, est toujours présent. Paul fondait des églises, et ne faisait nommer des anciens que par la suite. Ces hommes devaient avoir fait leurs preuves.

Trois questions principales se posent :

Primo : nature et nombre de conducteurs ?
Deuxièmement : comment et par qui, sont-ils désignés ?
Troisièmement : où réside l'autorité dans l'église locale ?
I) PRINCIPES ET PRATIQUES BIBLIQUES

Placée devant le problème du choix d'un ou de plusieurs conducteurs, de quels principes l'église doit-elle s'inspirer ?

(a) PRINCIPES BIBLIQUES

1. La souveraineté de Christ :
Christ est en réalité le chef de l'Église. Dans le Nouveau Testament, nous ne trouvons ni hiérarchie, ni centralisation, ni clergé. C'est à Dieu qu'il faut demander le don d'un pasteur ou d'un docteur (Éphésiens 4:11). C'est aussi à Dieu que les membres doivent demander la sagesse et le discernement, pour découvrir Sa volonté (Jacques 1:5).

2. L'indépendance de l'église :
L'église locale est appelée à discerner elle-même la volonté de Dieu au sujet de la nomination des anciens (Actes 14:23 ; Tite 1:5). Les églises bibliques trouvaient généralement leurs anciens dans leur sein (Tite 1:6). Une fois nommés, ils étaient soutenus par l'église (1 Timothée 5:17-18). L'apôtre Paul, tout en travaillant lui-même de ses mains pour pourvoir à ses besoins et à ceux de ses collaborateurs (Actes 20:34 ; 2 Thessaloniciens 3:8), affirme que " si quelqu'un annonce l'Évangile, il doit vivre de l'Évangile" (1 Corinthiens 9:14). " L'ouvrier mérite son salaire " (1 Timothée 5:18). Paul lui-même acceptait des dons de la part de certaines églises (Philippiens 4:15-16).

3. Les responsables :
Les responsables sont des serviteurs. Comme les membres en général, ils mettent au service des autres le don qu'ils ont reçu. Ils sont d'abord serviteurs de Dieu, et, à ce titre, ce ne sont pas les hommes qui les commandent (ni pour leurs travaux ni pour leur enseignement). Ils sont aussi serviteurs de l'église, et, à ce titre, ils ne doivent pas dominer, mais établir une heureuse collaboration avec tous. Leur poste n'est pas honorifique, bien que le Nouveau Testament demande qu'il soit honoré (1 Timothée 5:17).

(b) PRATIQUES BIBLIQUES

La Bible nous présente deux catégories de ministères : les ministères généraux, constitués par les apôtres, les prophètes, les évangélistes ; les ministères locaux, comportant les anciens (appelés également évêques, pasteurs ou conducteurs, docteurs), les diacres et diaconesses.

Un ministère disparaît au cours de la période primitive, celui d'apôtre. Il semble avoir été remplacé sur un plan général par les évangélistes (qui sont des planteurs d'églises) ; et sur un plan local, par les anciens (qui eux ont la charge d'une église locale).

Notre étude ne porte que sur les ministères locaux : anciens et diacres. Des dons s'exercent évidemment aussi sur le plan local, sans investiture officielle.

1. Les anciens :
Le terme : Il est employé au pluriel, sauf quand il est appliqué à une personne au-dehors d'une église locale (2 Jean 1 ; 3 Jean 1). La pluralité ou la collégialité des anciens se constate à Jérusalem (Actes 11:30 ; 14:23)), en Crète (Tite 1:5), à Éphèse (Actes 20:17), à Philippes (Philippiens 1:1) où ils sont appelés "évêques". Paul parle de l'assemblée des anciens (1 Timothée 4:14), et Jacques des anciens de l'Église (Jacques 5:14).

Équivalences de : ancien, pasteur, évêque, pasteur, et de conducteur (voir 1 Pierre 5:1-4 ; Éphésiens 4:11 "pasteurs et docteurs", "anciens et évêques" Tite 1:5,7 ; Actes 20:17,28) .
Les évêques devaient "paître le troupeau". Philippiens 1:1 cite "les évêques et les diacres", à la place "des anciens et des diacres". Le terme "ancien", souligne la dignité de l'office (comme au temps d'Israël). Le terme "évêque" en souligne la fonction (surveillant). Le terme "pasteur" ou "berger", décrit le travail accompli à l'égard des brebis.
Le terme "conducteur" (forme verbale dans Hébreux 1:17-24), décrit la position de celui qui indique la direction, par : son exemple, son influence, ou son conseil.

Qualifications : Ces qualifications sont données d'une façon très détaillée dans 1 Timothée 3:1-7, 2 Timothée 2:2-3,24-25, Tite 1:5-9, 1 Pierre 5:1-3.
On peut les classer en : qualifications morales et spirituelles : "irréprochable, sobre, modéré, réglé dans sa conduite, pas adonné au vin, pas violent, indulgent, pacifique, désintéressé, humble, ayant un bon témoignage de ceux du dehors" (1 Timothée 3), "pas arrogant, pas coléreux, honnête, ami des gens de bien, juste, saint, tempérant" (Tite 1), "pas nouveau converti, apte à la souffrance" (2 Timothée 4:5), " "affable envers tous, patient" (2 Timothée 2:24,25), "non autoritaire" (1 Pierre 5:2) ; qualifications familiales : "mari d'une seule femme, hospitalier et bon chef de famille, tenant ses enfants dans la soumission et l'honnêteté" (1 Timothée 3), "ayant des enfants fidèles, ni débauchés, ni rebelles" (Tite 1:6) ; qualifications de service : "propre à l'enseignement, pas nouveau converti, expérimenté" (1 Timothée 3), "administrateur fidèle, bon économe de Dieu, attaché à la vraie parole, capable d'exhorter, capable de réfuter les contradicteurs" (Tite 1), "capable de redresser les adversaires avec douceur" (2 Timothée 2), "disposé à servir de bon gré" (1 Pierre 5:2).

Il ne semble pas qu'il soit nécessaire d'avoir un appel spécial ni une formation académique. Il suffit de remplir les conditions et d'avoir les qualifications nécessaires, s'il s'y trouve (Tite 1:6). Le désir de servir dans cette fonction, est apparemment louable (1 Timothée 3:1).

Fonctions : Les fonctions des anciens sont à la fois variées et limitées par le but à atteindre. Les apôtres, avant eux, se spécialisaient dans la prière et dans le ministère de la Parole (Actes 6:4ss).
Ils doivent prendre garde à eux-mêmes et au troupeau dont ils ont la charge (Actes 20:28), prendre soin de l'Église de Dieu (1 Timothée 3:5), diriger l'église (1 Timothée 5:17), administrer (1 Corinthiens 4 ; Tite 1:7), paître le troupeau (1 Pierre 5:2 ; Actes 20:28), travailler au perfectionnement (ou plus exactement à la préparation) des saints en vue du service (Éphésiens 4:12), examiner et résoudre les problèmes de l'église (Actes 15:2-6,12-25), administrer les biens matériels de l'église (secours de païens) (Actes 11:30), veiller sur les âmes (Hébreux 13:17), travailler à la prédication et à l'enseignement (1 Timothée 5:17), former des hommes capables d'enseigner les autres (2 Timothée 2:2), exhorter selon la saine doctrine et réfuter les contradicteurs (Tite 1:9), répondre à l'appel des malades (Jacques 5:14).

Choix : Nous n'avons que très peu de détails sur la procédure du choix des anciens. Les anciens apparaissent subitement à Jérusalem on ne sait comment (Actes 1:30).
Paul fait nommer des anciens en sa qualité d'apôtre (Actes 14.23) ; mais le verbe traduit "firent nommer" qui indiquerait une élection, pourrait aussi être traduit par "nommèrent", qui indiquerait une désignation par Paul et Barnabas. En Crète, Tite comme délégué apostolique, doit établir des anciens dans chaque ville (Tite 1:5).
Par ailleurs, Paul affirme que c'est le Saint-Esprit qui a établi les anciens d'Éphèse (Actes 20:28). Puisque le Nouveau Testament ne donne pas de directives précises ni uniformes, il faut conclure que la direction du Saint-Esprit était recherchée et que l'on tenait surtout compte des qualifications qui, elles, sont clairement énumérées (voir plus haut).
Apparemment, la procédure de désignation importait moins que les qualifications. Les qualifications étaient une indication de Dieu pour l'Église.

Conditions de service : L'église locale a des responsabilités vis-à-vis des anciens.
Ce sont : la prière d'intercession (1 Thessaloniciens 5:12-13), le respect (déférence) et la soumission (Hébreux 13:18), le soutien matériel (1 Timothée 5:17-18).
Les anciens doivent s'acquitter de leur tâche avec fidélité, en étant des modèles dans leur vie familiale et dans la vie d'église (1 Pierre 5:3). Ils peuvent travailler de leurs mains pour gagner leur vie (Actes 20:34-35). Ils doivent se soumettre au contrôle de l'église et, en cas de fautes commises, accepter les répréhensions devant les autres anciens ou devant l'église (1 Timothée 5:20). Rien n'est dit sur la durée de leur service ; sans doute ce service est-il illimité. 2. Les diacres :
Qualifications : Elles sont semblables à celles des anciens. Toutefois, il ne leurs est pas demandé d'être capables d'enseigner. Pour leur tâche, même matérielle (servir aux tables), ils doivent être remplis du Saint-Esprit et de sagesse (Actes 6:3).

Fonctions : Elles sont très mal définies. Si Actes 6 rapporte la désignation de diacres (le mot n'est pas encore employé, c'est plutôt le verbe diakonéo), il s'agit d'un servi`ce matériel. Philippe et Étienne ont cependant prêché (Actes 7 ; 8:5,35). Il est dit de Phoebée la diaconesse (Romains 16:2), qu'elle a donné aide à plusieurs, et à Paul en particulier.
On peut donc bien les considérer comme les assistants des anciens, travaillant sous la responsabilité de ces derniers ; soit dans des tâches matérielles, soit dans des tâches spirituelles, mais sans avoir de responsabilités dans l'administration de l'église locale.

II) APPLICATIONS

Nous nous efforcerons d'appliquer ces principes bibliques à la situation actuelle, ou nous constatons l'existence de quatre types de ministères : pasteurs, diacres, conseillers, et autres membres qui possèdent des dons spirituels.

(a) LES PASTEURS
Les pasteurs ne doivent pas être des chefs dominateurs, mais des serviteurs responsables, des conducteurs eux-mêmes conduits par l'Esprit, des bergers soumis au Souverain Pasteur (1 Pierre 5:2-4).

Qualifications :
Ils ne doivent pas nécessairement être habiles. Ils ne doivent pas obligatoirement posséder certains diplômes (quoiqu'une bonne préparation intellectuelle soit désirable). Ils ne doivent pas forcément être éloquents.
Mais ils doivent être : dévoués à la cause de Dieu, pieux, bien disposés envers tous, serviteurs de tous, fidèles dans leur vie et dans leurs messages ; compréhensifs, endurants, patients, peu exigeants, pas attachés à l'argent, pas préoccupés de plaire aux hommes, humbles, circonspects, discrets.

(NOTE IMPORTANTE AU SUJET DE LA DISCRÉTION)

A ce propos, rappelons aux conducteurs (allias pasteurs ou anciens), qu'ils doivent garder un secret rigoureux non seulement sur ce qui leurs est confié, mais encore sur tout ce qu'ils peuvent voir, entendre, comprendre, ou même déduire, dans l'exercice de leur ministère. Ne pas respecter ce secret ainsi entendu, les exposent à des sanctions civiles (dommages-intérêts), mais aussi à des poursuites pénales (délit correctionnel de l'article 378 du code pénal). De telles condamnations sont parfois effectivement prononcées.
Leurs responsabilités consistent à : Élire des modèles pour le troupeau, prêcher fidèlement la parole de Dieu, veiller à l'instruction religieuse des enfants et des jeunes.
Veiller au bien et à la sécurité spirituelle des membres, faire une cure d'âmes sage.
Coordonner des activités, et mettre tout le monde à la tâche, en guidant dans le service.
Présider les réunions et les cérémonies (présentations, mariages, ensevelissements). Célébrer les symboles (baptêmes, Cène).

Les devoirs de l'église locale envers ses anciens : Ils doivent bénéficier de la sollicitude de l'église locale. l'église doit les aimer, les considérer (1 Thessaloniciens 5:12-13). Les honorer (respecter) (1 Timothée 5:17). Prier pour eux (Hébreux 13:18).
Se soumettre à leurs directives et faciliter leur tâche, pour qu'ils l'accomplissent avec joie (Hébreux 13:17). Les défendre contre la calomnie (1 Timothée 3:12). Les rémunérer en rapport avec les conditions de vie (1 Corinthiens 9:14 ; 1 Timothée 5:18). En cas de maladie, de congé ou de vieillesse, l'église ne doit pas les abandonner.

Procédures de choix des anciens :
C'est un domaine dans lequel on doit éviter toute précipitation. La hâte ne profite généralement qu'à l'Adversaire.

1. Quand l'église choisit ses anciens dans son sein : Cette procédure doit être acceptée par l'ensemble de l'assemblée. Une étude sérieuse des qualifications et des fonctions doit être faite selon la Bible.
L'église doit s'unir dans la prière pour demander le discernement à Dieu, en vue de la découverte de Sa volonté. Il ne s'agit pas de choisir quelqu'un de sympathique, mais de voir celui que Dieu a choisi en lui donnant les qualifications.
Un vote sélectif à bulletins secrets peut être fait, pour voir émerger certains frères. Le résultat de ce vote peut faire l'objet d'un examen par les anciens déjà en fonction, ou par le Conseil, et constituer la base des propositions à faire à l'église. Le vote de confirmation pour le ou les candidats proposés par les anciens ou le Conseil doit suivre (vote à bulletins secrets). Ce vote, pour être valable, doit être quasi unanime. On ne peut en effet envisager un ministère efficace lorsque l'église dans son ensemble ne peut soutenir ce ministère.

2. Quand l'église fait appel à des anciens du dehors : Dans le cas ou l'église n'est pas majeure et n'a pas les éléments nécessaires dans son sein, elle fait appel à quelqu'un de l'extérieur. Un comité pastoral peut se charger du travail préparatoire, prendre des renseignements auprès de personnes qui connaissent l'intéressé ou qui peuvent se renseigner sur lui.
Il faut en tout cas que l'église s'assure de l'expérience spirituelle du candidat (conversion réelle) ; de sa position doctrinale (en particulier à l'égard du libéralisme, de l'Oecuménisme, du Mouvement Charismatique) ; de sa position ecclésiastique (absence de cléricalisme) ; de son caractère chrétien ; de son zèle pour le Seigneur.
Il vaut mieux pour l'église ne pas avoir de conducteur, plutôt que d'en avoir un qui ait un autre idéal, et ainsi ne soit pas dans l'harmonie de l'église. Si l'enquête est favorable, l'intéressé peut être invité à visiter l'église.
Une bonne prédication n'est cependant pas un élément déterminant, car on pourrait avoir à faire à un beau parleur. L'opinion de l'église doit être sondée. Et si l'homme ne paraît pas qualifié spirituellement, il vaut mieux interrompre les démarches. Si au contraire tous les éléments sont positifs, la question peut être posée à l'église. La décision finale doit être quasi unanime. Il est sage de convenir d'une période d'essaie (au minimum d'un an), qui laisse la liberté à l'une ou à l'autre des parties de mettre fin à l'expérience, en cas de non satisfaction. L'intérêt de l'ensemble de l'église ne doit jamais être perdu de vue.

Exercice du ministère :
Au début, il y a toujours des enthousiastes et des flatteurs dont les pasteurs doivent se méfier. Les membres les plus solides spirituellement sont souvent plus réservés ; mais ils peuvent devenir les meilleurs appuis des anciens par la suite.

Les anciens sont les serviteurs de l'église toute entière, et pas seulement d'une fraction. Il ne devrait donc pas y avoir de favoritisme dans les visites et les contacts. Les anciens n'ont pas le droit de se laisser accaparer ou emprisonner par des amitiés exclusives.

Les anciens sont d'abord serviteurs de Dieu. Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes, quelles que soient les conséquences. Les anciens doivent être des modèles du troupeau, et ne pas être alternativement charnels et spirituels. Ils ne doivent pas utiliser la manière forte, dictatoriale. Ils ne doivent pas essayer de se faire justice à eux-mêmes.

En cas de différends ou de difficultés insurmontables, ils doivent recourir à un arbitrage qu'ils trouveront de préférence au sein de l'église ; sinon, auprès d'autres frères qualifiés spirituellement. Dans certaines unions d'églises, on peut recourir à un service des "bons offices".

Clôture du ministère :
Nous ne trouvons aucune indication sur la durée du ministère dans le Nouveau Testament. L'entente entre l'église et son serviteur, dure aussi longtemps que les deux parties sont d'accord. La fin du contrat intervient par la rupture d'une des parties.
Cela peut être le cas lorsque le serviteur répond à l'appel de Dieu pour une autre charge ; dans ce cas, un préavis raisonnable doit être donné pour que l'église ne soit pas prise au dépourvu. Il ne serait pas juste de mettre une église dans l'embarras, pour tirer une autre de l'embarras. Le mieux est d'assurer la continuité du travail, entre autre par la formation d'éventuels remplaçants ou successeurs. La formule de la collégialité des anciens atténue évidemment les inconvénients du départ de l'un d'eux.

Cela peut être le cas d'un conducteur qui ne se sent plus en mesure d'assurer la tâche qui lui était confié, à cause : de l'âge, de l'incapacité physique intellectuelle ou même spirituelle.
Il peut aussi ce faire que le conducteur estime qu'il ne peut plus moralement assumer une tâche qui le dépasse, ou qui ne correspond plus à ses convictions : évolution doctrinale ou ecclésiastique de l'église ou du conducteur lui-même.

Cela peut être finalement être le cas lorsque l'église estime que tel conducteur n'est plus à sa place pour des raisons d'incapacités ou de démérite. Il peut avoir commis une faute grave ; lui ou sa conjointe. Faute qui rend préférable la cessation du ministère.
Dans ce cas, il serait préférable que l'intéressé se retire de lui-même, par devoir de sagesse et avec dignité, s'il n'est plus le "leader" de l'ensemble de l'église ; Et cela sans tenir compte de l'insistance de ses amis. Les intérêts de l'église doivent passer avant les sentiments.

Dans les deux derniers cas, l'église doit se comporter chrétiennement et fraternellement, et ne pas laisser un homme dans le besoin du jour au lendemain. Un soutien financier s'impose, pour une période à fixer : un mois, trois mois, ou plus.

Dans certains cas, il peut être sage que le conducteur qui se retire du service se retire aussi de l'église, pour ne pas gêner le travail de son successeur.
Toutefois, les cas d'une collaboration loyale entre prédécesseur et successeur, ne manquent pas. Cette solution d'une bonne entente dans un esprit chrétien, est à l'honneur de l'Évangile.

(b) LES DIACRES
Tous les chrétiens sont, dans le sens large du terme des diacres, c'est-à-dire des serviteurs, puisque "chacun doit mettre au service des autres le don reçu" (1 Pierre 4:10). Mais, certains le sont plus particulièrement, l'église ayant reconnue leur fonction d'aides (1 Timothée 3:8-13). Certains membres, sans en porter le nom, exercent cette fonction dans les églises. Ils sont serviteurs de l'église, et aides des conducteurs.

Ce sont à peu près les mêmes qualifications qui sont requises des diacres et des anciens.
L'Écriture est simplement un peu moins exigeante : Ils doivent être remplis du Saint-Esprit et de sagesse, ni charnels, ni novices, de bonne réputation, et dirigeant bien leur maison.

Par rapport aux anciens, leur responsabilité est limitée, mais précise. Elle s'exerce dans le domaine matériel, mais pas exclusivement. Leur service est souvent plus effacé, mais ils peuvent être choisis comme collaborateurs par les conducteurs ou désignés par l'église comme dans Actes 6 (si il s'agit effectivement des diacres dans ce passage).

De toute façon, ils doivent être mis à l'épreuve et ils sont toujours choisis dans l'assemblée. On peut consigner la procédure de désignation dans les statuts ou les règlements intérieurs.
La durée de leur charge n'est pas fixée. Elle peut durer aussi longtemps qu'il n'y a pas de raisons d'interrompre leur service : départ, démérite, appel à une autre fonction.

(c) LES CONSEILLERS
On pourrait les appeler des "diacres d'administration". Les qualifications des diacres devraient être requises ici.
La notion du Conseil d'administration n'est pas néotestamentaire, mais ce Conseil est exigé par la loi, pour toute association cultuelle. Ici, la structure légale se superpose à la structure biblique, et entraîne parfois des confusions.

Là où existe un collège d'anciens, on peut simplement adjoindre deux administrateurs (par exemple, le trésorier et le secrétaire), pour constituer le Conseil d'administration. L'église désigne les conseillers, mais elle n'est pas toujours assez exigeante dans le choix.

Leurs responsabilités se situent surtout sur le plan administratif, matériel et financier (budget), etc. En l'absence d'un collège d'anciens, le Conseil est considéré comme responsable de la marche de l'église. Il doit être le conseiller de l'église autant que celui du pasteur. Il a un rôle intermédiaire entre le collège des anciens et le Conseil d'administration, qu'on peut définir comme un rôle de liaison, de permanence, d'information.

Le Conseil ne domine pas le pasteur, ni le pasteur le Conseil. Le pasteur travail en équipe avec les conseillers, le conseil représentant la moyenne de la pensée de l'église auprès du pasteur. Un conseiller qui voudrait faire triompher son point de vue ou celui d'une minorité, s'écarterait de son rôle. L'église n'a de chef que Christ ! Nous touchons ici à la question d'autorité (voir plus bas dans le texte, pour complément d'informations au sujet de l'autorité).

(d) LES PERSONNES QUI POSSEDENT DES DONS DE L'ESPRIT
Dans la Première Épître aux Corinthiens, Paul instruit ses lecteurs sur les dons du Saint-Esprit, et les exhortent à désirer les dons les meilleurs (1 Corinthiens 14:1).
Ces dons ne sont pas des aptitudes naturelles, mais des qualifications surnaturelles, donnés en vue de l'accomplissement de tâches spéciales pour l'utilité dans l'Église (1 Corinthiens 12:7).

Les Mouvements Pentecôtistes et Charismatiques, mettent souvent l'accent sur certains dons spectaculaires, généralement désirés pour une satisfaction personnelle (comme le "parler en langues" donnant l'assurance du baptême de l'Esprit).

Si les chrétiens "doivent aspirer aux dons les meilleurs" (1 Corinthiens 12:31), l'initiative reste néanmoins toujours au Saint-Esprit qui "donne souverainement à chacun en particulier, comme il veut" (1 Corinthiens 12:11).

Au reste, si précieux que soient certains dons qui font défaut à notre époque (comme le don de la sagesse ou du discernement ou de prophétie) surtout dans le domaine des charismes. Les fruits de l'Esprit sont encore plus importants (la charité par exemple est une voie par excellence) (1 Corinthiens 12:31 ; 13:2).

Ces dons, si ils sont authentiques, seront reconnus par les frères, aussi bien que par les intéressés eux-mêmes.
Leur libre exercice dans "l'ordre" (1 Corinthiens 14:40), sera un moyen de bénédiction pour l'église, alors que les "prétendus dons" sont des causes d'orgueil et de division.

III) AUTORITÉ

On constate quelquefois des luttes d'influence dans les églises.
Deux écueils sont à éviter : l'autoritarisme des clercs, et l'anticléricalisme des laïcs.
L'église ne doit pas être dominée par un "boss" laïc, pas plus que par un pasteur. Souvent, l'influence sociale ou la puissance de l'argent, se substituent à l'influence spirituelle.

(a) OU RÉSIDE L'AUTORITÉ DANS L'ÉGLISE LOCALE ?
Le conducteur, les anciens, les évêques, sont les surveillants, des bergers, des "leaders", des modèles à suivre ; mais pas des patrons.

Le Conseil n'est pas un organisme législatif. L'ensemble formé par le pasteur et le Conseil ne peut s'opposer à la volonté de l'église ; l'église même en sa qualité, ne peut imposer sa volonté aux serviteurs de Dieu.

La notion démocratique, en vertu de laquelle tout se décide par un vote majoritaire, n'est pas une notion biblique. La majorité n'a pas nécessairement raison.

Les questions de vérité, de justice, de sagesse, ne se laissent pas trancher par la majorité. La conscience ne peut se plier devant un vote.
La source biblique de l'autorité se trouve en Dieu. L'église locale est une théocratie, plutôt qu'une démocratie. Si Christ est la Tête de l'Église et le Chef de chaque membre, l'unanimité devrait pouvoir se faire : "Il a paru bon au Saint-Esprit et à nous (apôtres, anciens, Église)" (Actes 15:28).

Cependant, l'unanimité ne peut pas toujours se faire. Quelles en sont les raisons ? On peut énumérer : le sentiment, la susceptibilité, les luttes d'influence, la solidarité familiale, les opinions humaines ou l'ignorance de la Parole de Dieu, les erreurs de jugement, les traditions, l'égoïsme, la jalousie, l'esprit de contradiction, l'esprit charnel et mondain, l'individualisme, l'autoritarisme, l'intérêt matériel.

L'autorité réelle réside alors dans la Tête de l'Église :
Jésus-Christ, et dans l'expression de Sa volonté : la Bible. Il appartient à l'Église "d'entendre ce que l'Esprit lui dit", et de discerner la volonté du Chef. C'est à la recherche de cette volonté, que tout bon membre d'église doit s'appliquer, pour lui-même, et pour l'Église !

Frédérick Buller (article extrait du journal "LE CHRISTIANISME AU XXe SIECLE", et recopié à partir d'archives sur bandes audio et Transc.pr.int.: P.Cusson, pour RB, webmaster de "Parole de Vie")


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