LE PARLER EN LANGUES

Devrions-nous parler en langues ?

Cette question s'impose à tout chrétien qui réfléchit au phénomène des langues, lequel a depuis longtemps bien dépassé les limites des cercles pentecôtistes, et s'est répandu dans presque chaque secteur de la chrétienté professante.
Ne correspondant pas à une organisation structurée, ni à une uniformité de principe et de pratique, ce phénomène n'est pas facile à définir. Les plus absolus parmi ses adeptes prétendent que parler en langues (c'est-à-dire utiliser des mots inintelligibles pour autrui) est la seule preuve certaine que quelqu'un a reçu le Saint Esprit; ceux qui ne parlent pas en langues ne seraient donc pas des chrétiens, dans le plein sens du mot. D'autres, plus modérés, admettent que parler en langues est seulement l'un des dons spirituels, et par conséquent tous les chrétiens n'en feraient pas l'expérience.

En toute équité, il faut dire qu'un bon nombre de ceux qui parlent en langues affirment se rattacher au Seigneur Jésus comme Sauveur, et à la Bible comme la Parole inspirée de Dieu. Pourtant on peut trouver de ces personnes parmi les protestants libéraux, comme aussi dans les églises catholiques romaines, voire dans des religions non chrétiennes. Parfois même des personnes qui ne se préoccupent ni de Dieu, ni de religion, se plaisent à rechercher des sensations psychiques par une expérience de langues.

On peut de même trouver un grand nombre d'opinions et d'attitudes diverses parmi ceux qui s'opposent au phénomène des langues. Certains psychologues estiment que c'est une pratique qui conduit à des désordres émotionnels et même à des dépressions.
Parmi les chrétiens évangéliques, se font souvent jour des sentiments contradictoires à l'égard de ces manifestations: quelques-uns les ridiculisent; d'autres les craignent; d'autres encore sont troublés par une question secrète: « Ai-je perdu l'occasion d'une expérience vitale dans mon christianisme ? La plénitude du Saint Esprit fait-elle défaut dans ma vie ? »

Beaucoup de croyants sont convaincus qu'une bonne partie de ces cas résulte d'une activité de Satan et de ses agents. Tel écrivain l'appelle: « une nouvelle manifestation de la ruse de Satan où le moi domine et substitue une excitation factice à des valeurs spirituelles réelles ; un fort besoin d'émotions psychiques vient ainsi remplacer la méditation de la Parole de Dieu, et devient un obstacle à la croissance et à la maturité ».

Une question d'importance vitale, pour tout chrétien qui désire connaître et suivre la parole de Dieu, est celle-ci : « Jusqu'à quel point l'expérience de langues surnaturelles telles que la Bible les rapporte, est-elle comparable à l'expérience des milieux charismatiques ? » Considérer de près et comparer les textes de l'Ecriture qui traitent de ce sujet nous aidera à répondre à cette question.

Pourquoi les langues ?

Nous commençons notre étude en citant le seul verset de toute la Bible qui spécifiquement nous présente le motif du don des langues: « Les langues sont pour signe, non à ceux qui croient, mais aux incrédules » (I Cor. 14, 22). Nous examinerons ce verset en détail plus loin. Pour l'instant, je vous invite simplement à le garder en vue, tandis que nous considérons les divers textes qui font référence aux langues dans le Nouveau Testament. Vous serez étonnés de la beauté et de l'exactitude de la parole de Dieu en voyant combien tous ces textes concordent. Dans chaque cas mentionné, le don des langues fournissait un signe aux incrédules.

Encore un mot sur la signification du mot « langues », traduction d'un mot grec « glossa », qui a trois acceptions dans l'Ecriture :

1. la langue comme un organe de la parole: Marc 7, 33.
2. un langage: Apocalypse 5, 9.
3. le don surnaturel de parler d'autres langues sans les avoir apprises: 1 Corinthiens 12, 10.
Dans ces lignes nous nous occupons de la troisième signification, que nous retrouvons dans les textes suivants : Marc 16,17 :« ... ils parleront de nouvelles langues».
Après avoir confié à ses disciples la mission de prêcher et de baptiser dans le monde entier, le Seigneur Jésus mentionne certains signes qui accompagneraient ceux qui croiraient. L'un d'eux était: « Ils parleront de nouvelles langues ». En d'autres mots, ils recevraient le pouvoir de parler des langues qu'ils n'avaient pas apprises.

Les premiers chapitres des Actes mentionnent certains signes par lesquels Dieu rendait témoignage aux apôtres lorsqu'ils commençaient à répandre l'Evangile, spécialement parmi les Juifs. Il accréditait ce petit groupe d'hommes « illettrés et du commun » comme les instruments par lesquels il introduisait une chose toute nouvelle au milieu d'un monde hostile. Le vieux vin du judaïsme était remplacé par le vin nouveau du christianisme. Par le moyen de signes, Dieu marquait le premier pour le jugement, et mettait son sceau sur les messagers du second.

On pourrait poser la question suivante: Les prédicateurs de l'Evangile aujourd'hui n'ont-ils pas besoin de signes qui les accompagnent ? La déclaration de Paul aux Thessaloniciens nous donne la réponse: « Notre évangile n'est pas venu à vous en paroles seulement, mais aussi en puissance, et dans l'Esprit Saint, et dans une grande plénitude d'assurance, ainsi que vous savez que nous avons été parmi vous pour l'amour de vous ». Si nous, chrétiens, recommandions l'Evangile que nous prêchons par la vie que nous menons, nous n'aurions besoin d'aucun autre appui extérieur devant un monde qui nous observe. Dieu veut opérer en puissance pour le salut des perdus, et nous n'avons pas à perdre du temps et de l'énergie pour réactiver les signes et les miracles qu'il avait trouvé bon d'utiliser pour l'introduction du christianisme.

Actes 2, 1-12 : « Et ils furent tous remplis de l'Esprit Saint, et commencèrent à parler d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'énoncer ».

Au jour de la Pentecôte, le Saint Esprit est venu selon la promesse de Christ, et a baptisé tous les croyants pour être un seul corps. Ils ont tous été remplis du Saint Esprit et ont commencé à parler d'autres langues. Comme résultat de ce signe spécial, des Juifs de toutes nations sous le ciel, entendant les disciples parler dans leur propre langage, « étaient hors d'eux-mêmes, et en perplexité, disant l'un à l'autre : Voici, tous ceux-ci qui parlent ne sont-ils pas des Galiléens ? et comment les entendons-nous, chacun dans son propre langage, celui du pays dans lequel nous sommes nés ? »

Pierre saisit cette occasion pour annoncer l'Evangile, et trois mille personnes crurent. On peut cependant remarquer que Pierre n'a pas prêché dans une langue spéciale. Dieu s'est simplement servi de cette occasion pour, par le signe des langues, accréditer ses serviteurs envers ces Juifs. Ceci est en harmonie avec Marc 16, 17, Hébreux 2, 3-4 et 1Corinthiens 14, 22.

Actes 2, 41-47 : « Ceux donc qui reçurent sa parole furent baptisés... et ils persévéraient... »

Aucune mention n'est faite que ces trois mille Juifs qui ont cru à cette occasion aient parlé en langues, quoiqu'ils aient fait bien d'autres choses qui indiquaient une croissance spirituelle et la joie dans le Seigneur.

On peut dire de même des cinq mille qui ont cru selon que cela nous est rapporté en Actes 4, 4. Plus loin, au verset 31 de ce même chapitre, lorsque les disciples, ayant prié, ont été remplis du Saint Esprit et annonçaient la Parole de Dieu avec hardiesse, aucune mention n'est faite de parler en langues.

Il en est de même des croyants ajoutés au Seigneur, en Actes 5, 14, - des disciples qui se multipliaient beaucoup en Actes 6, 7, des convertis de Samarie en Actes 8, - et de l'eunuque d'Ethiopie dans le même chapitre. Il n'est jamais mentionné qu'aucun d'eux ait parlé en langues.

Actes 9, 1-22 : « ... Recouvre la vue et sois rempli de l'Esprit Saint ».

La conversion du grand apôtre Paul mérite une mention spéciale. La Parole ne dit pas qu'il ait parlé en langues à cette occasion, quoiqu'il ait recouvré la vue et ait été rempli du Saint Esprit. Nous comprenons cependant par 1Corinthiens 14, 8 que Paul parlait en langues. Nous y reviendrons dans un moment.

En Actes 9, 42, aucune allusion au parler en langues n'est faite à propos de ceux qui croyaient au Seigneur Jésus à Joppé, quoique la résurrection de Dorcas leur eût, de toute évidence, fait grande impression.

En résumé, avez-vous remarqué que dans les neuf premiers chapitres des Actes, les langues ne sont mentionnées que dans une seule circonstance, lors de la Pentecôte, au chapitre 2 ? Pourtant à bien des occasions l'Evangile a été présenté avec puissance !
Plusieurs personnes qui ont cru en Christ sont dites avoir été remplies du Saint Esprit. L'assemblée de Dieu était en pleine croissance, tandis que les croyants faisaient l'expérience de :

- la puissance dans la communion, Actes 2,46-47
- la puissance dans la prière, Actes 4, 23-31
- la puissance pour résoudre les problèmes, Actes 7, 1-7
- la puissance pour rendre témoignage, Actes 8, 4-5
- la puissance dans la marche pratique, Actes 9, 31
Et tout cela sans qu'il soit fait mention de langues ! Il est bien triste qu'aujourd'hui certains chrétiens semblent ne pas attacher d'importance à ces textes, pourtant simples, et soient convaincus qu'ils ne peuvent pas expérimenter une puissance spirituelle dans leur vie, à moins qu'ils « parlent en langues ».
A tous ceux-là je voudrais dire, en toute humilité: Demeurez en Christ et vous porterez beaucoup de fruit, car votre force est en lui, pas dans des expériences. Séparés de lui, vous ne pouvez rien faire (voir Jean 15, 1-7).

Actes 10, 34-48 : « ... Ils les entendaient parler en langues et magnifier Dieu » (v. 46).

Pour la deuxième fois le livre des Actes nous parle de croyants parlant en langues, pourquoi dans ce chapitre ? Dieu s'était servi de Pierre le jour de la Pentecôte pour présenter aux Juifs un Sauveur ressuscité et glorifié. Il utilise maintenant le même instrument pour présenter le même Sauveur aux Gentils réunis dans la maison de Corneille.
Mais pour quelle raison Dieu a-t-il donné des langues à cette occasion ? En quelle manière étaient-elles un signe pour les incrédules ?

Il n'était pas facile à Pierre de se rendre chez des Gentils. Dieu a dû se révéler à lui dans une vision spéciale pour faire tomber ses préjugés juifs (Actes 10). Mais « ceux de 1a circoncision » à Jérusalem n'avaient pas eu cette vision. Ils disputaient avec Pierre, lui reprochant d'avoir fait ce qui était illégal pour un Juif : entrer chez des hommes incirconcis, et manger avec eux. Pierre, invoquant le témoignage de ceux qui l'avaient accompagné à la maison de Corneille, se mit alors à leur expliquer son attitude, et conclut: « Si donc Dieu leur a fait le même don qu'à nous qui avons cru au Seigneur Jésus Christ, qui étais-je moi, pour pouvoir l'interdire à Dieu" ? (Actes 11, 17).

Quel en fut le résultat ? - « Ayant ouï ces choses, ils se turent et glorifièrent Dieu disant: Dieu a donc en effet donné aux nations la repentance pour la vie ! » Ne pouvons-nous pas en conclure que le signe miraculeux des langues, comme à la Pentecôte, avait fourni à des esprits attardés dans leurs préjugés, la preuve que Dieu faisait tomber les barrières qui séparaient les hommes ? Il renversait la sentence de Babel, amenant Juifs et Gentils à être unis en un seul corps, et mettait ainsi de côté le judaïsme. Il devait être réservé à l'apôtre Paul d'exposer en détail cette grande vérité (voir 1Cor. 12 et Eph. 2), mais le signe (des langues) en donnait déjà une idée.

Actes 13, 48-52 : « ... Tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent... Et les disciples étaient remplis de joie et de l'Esprit Saint ».

Antioche de Pisidie avait été témoin des travaux de Paul et de Barnabas, au début de leur premier voyage missionnaire. La Parole avait été largement rejetée par les Juifs, mais bien des Gentils s'étaient tournés vers le Seigneur. Il n'est point fait mention qu'aucun d'entre eux ait parlé en langues, quoiqu'ils aient été remplis du Saint Esprit.

Les immenses travaux de Paul durant ses trois voyages sont rapportés dans le reste du livre des Actes. Bien des lecteurs se sont étonnés qu'aucune des personnes converties par le moyen de son ministère n'ait parlé en langues (du moins autant que le texte biblique en fasse état) avec une seule exception :

Actes 19, 1-6 : « ... L'Esprit Saint vint sur eux et ils parlèrent en langues et prophétisèrent ».

Les circonstances entourant cette troisième et dernière occasion où les langues sont mentionnées dans le livre des Actes, sont très différentes des deux premières. A Jérusalem, cadre de la Pentecôte, le don des langues avait été un signe pour la multitude des Juifs qui s'y trouvaient rassemblés. Seule une famille et ses invités avaient été témoins de la seconde occasion dans la maison de Corneille à Césarée, mais Dieu s'en était servi comme d'un signe pour les esprits juifs remplis de préjugés. Nous nous trouvons maintenant à Ephèse - la capitale renommée de l'Asie, gardienne du temple de Diane, centre cosmopolite de commerce, religion, culture et gouvernement. Pourquoi les langues sont-elles de nouveau mentionnées justement là ?

Considérons d'abord dans ses grandes lignes l'oeuvre du Seigneur à Ephèse. Bien des personnes y acceptèrent l'Evangile. De fait Paul y reste au moins deux ans; Ephèse devient un centre à partir duquel « tous ceux qui demeuraient en Asie ouïrent la parole du Seigneur, tant Juifs que Grecs » (Actes 19, 10). La ville est témoin des miracles remarquables accomplis par les mains de Paul, mais aussi de la défaite humiliante de ces Juifs exorcistes qui avaient essayé d'imiter la puissance de Dieu.
Là s'élèvent les flammes consumant les livres de magie et d'occultisme, d'une valeur de cinquante mille pièces d'argent, que brûlaient les nouveaux convertis. Il s'y déchaîne aussi la colère terrible des artisans païens qui risquaient d'être frustrés de leur gagne-pain, ainsi que les cris et le tumulte d'une cité en folie. Et pourtant, dans une telle ville, « la parole du Seigneur croissait et montrait sa force ».

Au milieu de ces multitudes qui se tournaient vers le Seigneur et donnaient de telles preuves d'une véritable conversion, l'Ecriture ne parle que de douze hommes qui aient parlé en langues ?
Notons quelques détails à propos de ces douze hommes:

1. Ils avaient été baptisés du baptême de Jean.
2. Avant leur conversation avec Paul, ils ignoraient que le Saint Esprit avait été donné.
3. Après leur baptême au nom du Seigneur Jésus, Paul leur impose les mains, le Saint Esprit vient sur eux, et ils parlent en langues.
Comment le fait que ces douze parlaient en langues était-il un signe pour les incrédules ? La réponse devient claire si nous pensons au récit complet. Dans une ville composée d'adorateurs païens de Diane, de Juifs orthodoxes, d'adeptes de la magie tant parmi les Juifs que les gentils, Dieu par ce signe mettait en évidence ces douze hommes qui s'étaient tournés vers Jésus Christ. Il donne encore des signes supplémentaires par les miracles remarquables opérés par l'apôtre Paul en guérison et en exorcisme. L'effet cumulatif a été puissant pour établir le christianisme et dépouiller de leur influence et le judaïsme et le paganisme.

Mais n'est-il pas significatif que Paul ne fasse aucune mention de l'importance, de la nécessité, ou de la continuation d'aucun de ces dons -signes, lorsqu'il parle aux anciens d'Ephèse dans Actes 20, 17-35 ? ou lorsqu'il écrit l'épître aux Ephésiens, quelques années plus tard ? L'Esprit de Dieu le conduit plutôt à occuper les coeurs et les esprits des vérités précieuses de Christ qui ont une valeur durable et constante. Le témoignage de Dieu avait été établi, et les dons-signes n'étaient plus nécessaires.

Les langues dans les épîtres du Nouveau Testament

Une seule épître parle de langues: la première de Paul aux Corinthiens. Considérons soigneusement ses enseignements à ce sujet. Souvenons-nous cependant que ces chrétiens de Corinthe n'étaient pas des croyants modèles, remplis de l'Esprit, lorsque Paul leur écrivait.

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